Mode

L’univers chic et sage de Betina Lou

Publié mar, 20 Août 2013 16:19:02 -0500, par Laure Juilliard, dans Lifestyle

Betina Lou

Jeudi 12h, sous un soleil de plomb, je me dirige vers l’atelier cozy et lumineux de Marie-Eve Emond, talentueuse designer de la marque Betina Lou. L’adresse est difficile à trouver, telle une cachette où un joli trésor repose en attendant d’être découvert. En poussant la porte 202 b, j’entre dans l’univers soigné de Marie-Eve : un cocon créatif spacieux, clair et inspirant. Depuis 2009, ses collections sont une ode à l’élégance, au souci du détail, à la qualité et aux coupes ajustées. Mine enjouée et sourire aux lèvres, Marie-Eve rayonne. Avec ses airs de Coco Chanel, son petit chignon de danseuse étoile minutieusement épinglé, sa chemise en coton aux fines rayures bleues et blanches, son short taille haute vert olive et ses mocassins noirs, elle dégage une classe exquise. Rencontre avec un petit bout de femme aussi sensible que déterminée.

Que nous réserves-tu pour ta collection automne-hiver 2013-2014?

J’ai l’impression de dire ça à chaque automne, mais cette saison me plonge toujours dans un mood de bibliothécaire (rire). Pour cette collection, l’Écosse et son côté traditionnel, un brin conservateur, m’ont beaucoup inspirée, tout comme les silhouettes d’écolières modèles impeccables. J’ai travaillé la laine, le coton Viyella, le Corduroy, le tartan, la soie et les matières flexibles et confortables comme le ponte di roma. J’ai eu envie de hauts fluides avec des décolletés dans le dos en V, de tricots ajustés, d’imprimés discrets comme des petits points noirs ton sur ton sur une jolie robe de soirée avec quelques touches de transparence, de carreaux écossais sur des robes évasées ou en doublure sur un haut vert olive en laine bouillie. Et comme d’habitude, je réinvente mes petites robes noires classiques à encolure bateau, nœud discret dans le dos, coupe crayon ou ajustée.

Travailles-tu avec des cahiers de tendance?

Non je me fie beaucoup plus à mon instinct. Je flaire l’air du temps sur le web notamment sur Pinterest, Tumblr et des blogues comme Cali Vintage. Mon mot d’ordre c’est vraiment l’intemporalité. La preuve, je peux toujours porter mes anciennes collections.

As-tu un processus créatif?

Mes antennes sont constamment ouvertes. Par exemple, il peut m’arriver de regarder un film vintage et de bloquer sur un col, un imprimé ou une coupe que je dessine sur le champ. J’accumule toutes sortes d’idées et d’inspirations puis je me mets à dessiner la future collection. J’applique ensuite des échantillons de couleurs et de matières sur mes sketchs. La collection finale ressemble rarement à mes prototypes car je peaufine en permanence.

Qui est LA femme Betina Lou?

Sofia Coppola. Ses tenues sont toujours d’une simplicité folle qui combine parfaitement chic et qualité. Tout à fait ma vision de la mode.

Quel est ton regard sur l’industrie de la mode au Québec?

Les designers ont une belle complicité entre eux. Il existe une forte solidarité contrairement à ce que les gens pourraient croire. Le vrai problème dont presque personne ne parle, c’est la production. Nous subissons une pénurie de main d’œuvre et de fournisseurs assez intense. La vedette de l’industrie de la mode, je t’assure, c’est la couturière! Aujourd’hui tout le monde veut être designer et personne ne reprend ce métier pourtant si capital. Quand tu as le souci de produire localement, il est extrêmement difficile de trouver quelqu’un animé par la passion, la création et la minutie.

As-tu des projets d’expansion?

Je m’étends petit à petit, tranquillement mais sûrement. Je suis une personne de contact, j’ai besoin d’aller rencontrer mes clients, d’établir une relation durable et stable avec eux. Il faut faire l’effort de se déplacer, de sélectionner son point de vente, d’accorder des valeurs communes, de parler en personne de ton produit et de faire naître un coup de cœur. Aujourd’hui, nous sommes un peu partout au Canada et à Brooklyn (chez Old Hollywood, ndlr).

Où rêverais-tu de voir tes créations?

Chez Steven Alan à Manhattan. J’adore leur style preppy et chic!

D’après toi, quelle est la vision de la mode montréalaise à l’étranger?

Je pense que Montréal dégage une énergie très underground, noire et contemplative. La relève adopte particulièrement ces critères, notamment avec des vidéos ultra conceptuelles. Tout simplement à l’opposé de ce que je fais moi (rire)!



Ajouter un nouveau commentaire

Votre courriel n'est jamais publié ni partagé. Les champs obligatoires sont marqués de *